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La banquière d’affaires reconvertie dans les TIC

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Elle aura fait un virage à 180°. Venue du monde de la finance, cette diplômée de l’Ecole Supérieure de Commerce de Paris a pris le parti de s’orienter vers le conseil en stratégie, avant de prendre les fonctions de DG dans l’entreprise de services sur le web la plus emblématique de ces dernières années; Uber. Par Noréddine El Abbassi

La vie est Uber pour certains. Entre applications qu’elle installe pour son entourage ou à ses rencontres du moment, Meryem Belqziz a, jusqu’à ce jour, passé sa vie, immergée dans le monde du transport pour l’entreprise la plus emblématique du web, aux côtés de Facebook ou autres Amazone. Mais Meryem Belqziz est venue à ce métier de DG sur le tard, après un cursus des plus classiques, pour cette enfant de la «Mission».
Elle a vu le jour en 1980, à Casablanca. Aînée des trois enfants d’un banquier, Meryem grandira dans la principale métropole du pays, la ville qui abrite  autant toute la modernité, que toute la «rébellion» . «Mon meilleur souvenir est que je me rendais à l’école en bus, et habillée comme je le voulais. Je pouvais sortir en jupe ou en robe, sans que ça ne choque personne. De nos jours, je crois que cela  est difficilement  possible», se remémore-t-elle, avec un regret manifeste.
D’ailleurs, une certaine nostalgie est perceptible tout au long de son récit, pour une époque où il faisait bon vivre. La vie moderne n’était pas encore cette course permanente, sans prendre le temps pour se détendre et encore moins de se reposer.
La scolarité primaire de Meryem se déroule dans le privé, plus spécifiquement  dans une école des Soeurs, tenue par des religieuses libanaises: Carmel Saint Joseph, située dans le quartier de l’Oasis. Bien entendu, il était interdit aux jeunes élèves de confession musulmane, de mettre les pieds dans la chapelle de l’école. «On la disait hantée», laisse-t-elle échapper dans un rire moqueur. Meryem poursuivra ensuite ses études au Collège Anatole France, qui relève de la Mission, et après avoir passé l’examen d’entrée, obligatoire. «Le concours d’admission n’acceptait pas plus de 5% des candidats. Lorsqu’on était chanceux, on était affecté au Lycée Lyautey et quand on l’était moins, c’est au Collège Anatole France», précise-t-elle.

Génération «live and let live»

Les années 80 et 90 sont alors rythmées par les derniers soubresauts du rock, l’émergence du hard rock et du grunge. Les groupes à la mode étaient les Guns & Roses, Metallica et Nirvana, dont les élèves se plaisaient à arborer les couleurs, dans la cour du collège. C’était aussi une époque qu’on estimait moins violente, puisqu’au lendemain de la chute du mur de Berlin, en pleine crise économique, on ne rêvait que de Haute Finance,  et de Trading, à la City de Londres, à Wallstreet à New-York ou à la Bourse de Paris. «Live and let live» était le credo, et les héros survitaminés exhibaient leurs muscles à longueur de films à grand spectacle, où l’on rasait la moitié d’une métropole au cours d’un Terminator II.
Meryem, elle, connaitra un passage différent, puisqu’elle quitte le Maroc dès l’âge de 14 ans. Son père est muté à Paris, et la famille emménage à St Cloud, dans l’Ouest de la capitale. Une banlieue de riches, et où les maghrébins n’avaient pas forcément droit de cité: « Pour mes camarades, j’étais une extraterrestre. Sans forcément plaisanter, certains  me demandaient, si au Maroc, j’allais à l’école en chameau… Quant aux enseignants, leur appréhension était que je ne sois pas au niveau. Il s’est trouvé que j’étais plutôt  parmi les meilleurs»,se rappelle Meryem. Elle poursuit donc un cycle normal, dans la République de François Mitterrand, et juste avant l’arrivée de Jacques Chirac au pouvoir, et au moment de la victoire des bleus, quand la foule scande «Zidane président». C’était avant 2001, et le chaos dans lequel le monde a sombré… Meryem coule des jours heureux, et  peut s’adonner à tous les loisirs de son âge, dans un environnement propice. La lecture est un autre plaisir à portée de main et elle dévore des ouvrages de philosophie. Elle découvre sa passion, le théâtre, passion qui l’accompagnera pendant des années.

Décollage réussi

Meryem décroche son Bac S en 1998 et prépare les concours aux grandes écoles de commerce, sans quitter sa résidence à St Cloud. Au bout de deux années de travail acharné, elle intègre l’Ecole Supérieure de Commerce de Paris (ESCP). L’occasion, lors de sa scolarité de passer une année à Londres, en stage à la Banque Société Générale où elle se familiarisera avec la Finance. Lorsqu’elle termine ses études, c’est dans cette même entreprise qu’elle débute, dans le département du Financement de l’Aéronautique. Mais rapidement, Meryem réalise que c’est un domaine très spécialisé, qu’il sera difficile d’intégrer une fois rentrée au Maroc. Elle s’oriente donc vers la gestion des Grands Comptes dans une banque japonaise, Sumitomo Mitsui. A cette position, son rôle est à la fois technique et relationnel, et elle gère la relation avec les constructeurs automobiles et les fournisseurs d’énergie. Lorsqu’arrive la crise des «Subprimes» en 2008, elle décide d’élargir ses compétences et de changer d’orientation.  Meryem prépare un MBA à la prestigieuse INSEAD. Entre Singapour et Fontainebleau, Meryem étudie et néanmoins, postule à des emplois au Maroc. Ce sera au cabinet de «conseil en stratégie» BCG qu’elle fera ses premières armes.
Nous sommes en 2012, lorsqu’elle rentre au Maroc. Elle reste dans le groupe deux années durant, avant de prendre la tête d’une entreprise agro industrielle. «C’était une nouvelle opportunité. Cela m’a permis de découvrir le Maroc profond et d’approcher le secteur de la Production Industrielle, avec de belles opportunités. Mais dès 2013, Uber commence à s’intéresser au Maroc, même si, à cette période là, le marché n’est pas encore mûr. Ce qui n’empêche pas la nouvelle Entité d’entamer des discussions, pour son établissement dans le pays», explique Meryem. Le déclic intervient en 2014, lorsque l’environnement légal change. L’entreprise commence alors son implantation, et en mai 2015, tout naturellement, Meryem Belqziz est bombardée General Manager. «Dans un sens, on est tout le temps dedans. Lorsqu’on apprend que je travaille sur Uber, on me demande d’installer l’application sur les téléphones mobiles, ou d’autres renseignements. Au final, c’est un 24 / 7 job», conclut-elle. Et à raison.

BIO EXPRESS
1980: naissance à Casablanca
1998: Bac S à St Cloud
2004: Diplôme de l’ESCP de Paris entrée à la Société Générale
2007: intègre Sumitomo Mitsui 2009: MBA à l’INSEAD entre Paris et Shanghai
2012: intègre le cabinet Boston Consulting Group
2014: DG de NOVENA
2015: General Manager de Uber


Coureur automobile et chef étoilé

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On l’imagine plus en athlète qui brûle les pneus au Grand Prix de Monaco, que derrière les fourneaux. A 31 ans à peine, ce professionnel de l’hôtellerie de père en fils s’est déjà fait un nom dans la gastronomie à Paris et à Casablanca. Par Noréddine El Abbassi

Chef. Un mot magique, pour désigner un métier prenant, que l’on ne fait, qu’animé par la passion. Lorsque les clients sortent, c’est à dire qu’ils vont au restaurant, on est aux fourneaux, en train de gérer une équipe, à jongler avec des ingrédients et à concevoir des recettes, pour le bon plaisir et la satisfaction des autres. Ramzi El Bouab nous reçoit dans son établissement de la rue Taha Hussein. Murs blancs, pour coussins ébène sur écarlate. Oeuvre au noir, au blanc et au rouge, processus de transformation et de purification pour que la matière morte devienne pure sensation. Cette symbolique, il la tire de sa première expérience professionnelle auprès de Joël Rebuchon, le chef étoilé parisien.
La cuisine, c’est une sorte de filiation. Ramzi est né en 1984, à Casablanca où son père est déjà hôtelier. Lequel a toujours été le plus jeune, dans une fonction ou une autre. Il aura été le plus jeune Directeur Général de l’hôtel Casablanca, lorsque ce dernier était le seul établissement de la ville qui résistait. Ce sera aussi à la tête de la Direction Générale de la Mamounia, quand il n’a que 23 ans à peine.
Ramzi est d’une famille de deux enfants seulement, dont il est le frère cadet d’une soeur aînée. C’est dans le quartier paisible de l’Oasis qu’ il coule des jours heureux. «Nous habitions dans une impasse et l’école Ernest Renan était à proximité. Nous formions avec les enfants du quartier une communauté soudée, de différentes origines,» explique-t-il, en reconnaissant sa chance. De par la fonction du père, le jeune Ramzi «grandira» dans les couloirs d’hôtel. Ses amis sont alors concierge, serveurs et autres employés de l’hôtel. Ses «nounous», comme il aime à les désigner. «C’était mon univers. Peut-être que cela m’a marqué», confie-t-il. Il est alors scolarisé à la Mission Française. C’est vers 11 ans qu’il découvre sa passion, nous dira-t-il.

Les passions se transmettent

Filiation encore. Son père est fan de sport automobile, et dès ses 11 années, Ramzi commence à user les pneus sur les pistes de karting. Rapidement, il devient professionnel et concourt aux championnats, une équipe derrière lui et son propre kart à disposition. «C’était original pour l’époque. Lorsqu’on fait des sports automobile, il faut tout de même avoir de la condition physique, pour tenir, et rester en «forme» pour rentrer dans le cockpit», explique-t-il. Il est vrai qu’avec son physique de jeune premier, athlétique, jeune et plein d’allant, il tranche curieusement avec l’image du «cuistot» bedonnant et aux joues rougies. Dans son établissement, il arbore toujours son costume de salle, noir à liseré rouge, avec son prénom brodé sur la poitrine.
Ramzi passe une scolarité sans problème, et après un Bac STT, il s’envole pour Paris. Déjà, il doit faire un choix: «plus jeune, je voyais ma vie dans les sports automobile. Mais décrocher des sponsors pour rouler est difficile. Il aurait fallu passer 3 à 4 années à s’autofinancer sa propre voiture et sa propre équipe», analyse-t-il. Retour à la réalité. Il se réoriente vers un métier, celui de son père et intègre l’Ecole d’hôtellerie parisienne (EHP) pour un BTS en hôtellerie. C’est là qu’il découvre la cuisine. Rapidement, cela devient son cours préféré, et chaque semaine, il attend, avec impatience, l’occasion de passer derrière les fourneaux. Son orientation est claire et sa détermination sans faille : il sera chef cuisinier. Dès la fin de ses études, il entre à l’école Grégoire Ferrandi, l’école supérieure de cuisine française par excellence. Autrement connue comme le «Harvard de la cuisine française».

Formation «aux pieds des maîtres»

«Le test d’admission était difficile. Nous étions 250 candidats pour 11 places. L’un de mes examinateurs était un primé «meilleur ouvrier de France», et évidemment j’étais intimidé face à lui. Au final, j’ai été le premier marocain à être admis dans cette école», se remémore-t-il. Commencent alors trois années de travail assidu. En cuisine, la formation ressemble à une organisation militaire, et apprendre signifie «faire ses classes». D’ailleurs, Ramzi ne cesse d’en parler comme d’un «bataillon». On imagine volontiers la vie en cuisine au moment du «coup de feu» comme une armée sur le pied de guerre. Ses encadrants sont durs, mais il ne se laisse pas décourager. «C’est un métier très strict, avec beaucoup de discipline. Par l’expérience, on apprend à donner un ordre ferme, mais sans être blessant. De toutes les manières, c’est un environnement où, si l’on n’est pas passionné, on décroche au bout de deux jours», temporise-t-il.
Pendant sa formation, Ramzi passe 6 mois en cours, et 6 mois en cuisine. La première année, c’est au Hilton de Dunkeld (Ecosse) qu’il passera son premier stage, auprès d’un chef, qui a fait montre de son savoir en classe. L’année suivante, c’est auprès de Joël Robuchon qu’il fait ses classes. L’expérience sera probante et on lui propose de revenir après la fin de son cursus. Le stage suivant se fera auprès d’un monument de la cuisine française, Michel Guerrard. Une grande figure, au même titre que Paul Baucus, avec trois étoiles au guide Michelin depuis une trentaine d’années.

Une étoile et trois fourchettes d’or

Nous sommes en 2006 lorsque Ramzi rejoint le restaurant de Joël Robuchon, l’Atelier. Là, il sera commis de cuisine, puis demi chef de parti avant de devenir chef de parti. Progression constante, puisqu’il apprend les arcanes du métier dans un restaurant qui a deux étoiles au Guide Michelin. Tout naturellement, lorsque Robuchon ouvre un nouvel établissement à Londres, il fait appel à Ramzi pour l’ouverture. Il passera une année dans la capitale anglaise. Le restaurant obtient une étoile au bout de quelques mois, et Ramzi rentre à Paris.
Nouveau virage, en 2009. Un ami lui propose de rejoindre son établissement, L’Agapée. Le restaurant propose des produits bio, venus des potagers d’un grand chef français. «On ne se réveille pas un matin en se disant que l’on va obtenir une étoile au Guide Michelin demain. On travaille constamment, et surtout on sait qu’on n’a pas droit à l’erreur», dévoile-t-il, soudain animé par une fermeté et une énergie que l’on ne soupçonnait pas, sous ses dehors avenants et ses manières simples. Au bout de 9 mois, le restaurant est distingué. Ramzi est alors chef en titre, et de ce fait intègre le club restreint des chefs marocains étoilés.
2011 sera l’année décisive. «J’avais deux choix qui se sont présentés. D’une part, je pouvais devenir associé dans un restaurant à Miami (USA), ou rentrer au Maroc. Or, mon père voulait ouvrir un restaurant depuis quelques années déjà, et ma famille me manquait. Si je partais, ce serait pour 10 années encore. J’ai donc fait le choix de rentrer», expose-t-il. Ce sera le début du Bistrot Chic. Depuis, il officie comme chef multitâche pour proposer une cuisine française de bistrot classique et des créations personnelles. La reconnaissance locale sera au rendez-vous. Depuis deux années, le restaurant de la rue Galilée a obtenu trois Fourchettes d’or au Maroc. La cuisine est un processus de transmutation, et dans un sens, Ramzi est arrivé à l’essence de la chose.

BIO EXPRESS

1984: naissance à Casablanca
2002: Bac STT au Lycée Lyautey
2005: BTS en hôtellerie à l’école d’hôtellerie parisienne
2008: diplôme de l’Ecole supérieure de cuisine française Grégoire Ferrandi entrée à l’Atelier de Joël Robuchon
2009: chef cuisiner à l’Agapée
2010: 1 étoile au Guide Michelin
2011: fonde le Bistrot Chic

Inventeur, chef d’entreprise et chercheur de génie

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On lui donnerait le prix Nobel sans confession. Ce docteur en chimie formé au CNRS, a fait ses débuts dans la recherche pour l’industrie, et a récemment inventé un procédé pour améliorer la production et le recyclage de carton. Ce père de famille ne vit que pour ses enfants et les molécules qu’il développe. Par Noréddine El Abbassi

Einstein est mort, mais il s’est réincarné dans le corps d’un marocain. Le Dr Rachid Chraïbi correspond à l’image d’Epinal, du savant perdu dans ses formules. Le bon vieux Albert, pour cette nouvelle incarnation a délaissé la physique, «Dieu ne joue pas aux dés avec le Monde», pour un concept bien plus pragmatique: la chimie organique. C’est au théoricien de la relativité, père malgré lui de la physique quantique et de la compréhension de plus en plus profonde de la nature «quantique» du monde qui nous entoure, qu’il ressemble. Les cheveux mi-longs et quelque peu en bataille, il porte une blouse de chimiste blanche, qui ne semble jamais le quitter, même hors de ses bureaux… Son antre? Un mix entre une usine, avec des laboratoires à l’étage et un personnel administratif effacé. C’est une entreprise familiale marocaine, spécialisée dans la recherche et développement en molécules dans des marchés de niche, où justement, il a fait une découverte majeure dans le domaine de l’industrie du recyclage et du carton. Sobrement baptisée SASLO/J, au lieu de Chraïbi/R, d’après le nom de l’industriel dans le carton qui a posé la problématique: comment optimiser le recyclage de carton pour produire plus, avec moins d’entrants? Au bout de trois mois de recherche effrénée, où le bon Dr s’usait le dos, jusqu’à dormir dans son vaste bureau, Rachid Chraïbi est ressorti avec LA formule, un brevet chimique bien marocain, que les quataris s’arrachent déjà, sans qu’il ne se résolve à céder la trouvaille, répétant: «je ne suis pas intéressé de vendre ma molécule. Ce que je veux c’est produire au Maroc et donner du pain à mes employés», explique-t-il, soudain animé par une autorité passionnée, lui qui semble si doux, hypersensible et perdu dans ses pensées. L’archétype du Professor Doctor allemand du XIXe siècle…

Au lendemain de l’Indépendance
Il est né en 1952, à Louis Gentil, rebaptisée Youssoufia après l’indépendance. et se classe quatrième, des six enfants du Khalifa de la ville. Ce dernier est un homme de gauche, comme on en voyait alors souvent dans le Royaume nouvellement indépendant, assumer des responsabilités pareilles. «Un jour, mon père m’avait envoyé acheter du beurre chez l’épicier, étonné d’en recevoir le prix, sonnant et trébuchant que je lui tendais. Mon père m’expliqua alors la réaction du commerçant par la présence d’une brochette de camions, garés devant l’administration, chargés d’huile et de beurre et destinés aux bonnes œuvres. C’est que mon père était incorruptible. Lorsqu’on se plaignait de manquer de quelque chose, il nous rétorquait invariablement : un jour c’est vous qui donnerez des subsides à ceux,abusivement gâtés aujourd’hui. Et il avait raison!»
Le Maroc est alors un pays en pleine transformation, et Rachid compte parmi cette génération de jeunes appelés à reconstruire le pays. «Les français étaient partis d’un coup, laissant un vide. Pourtant, nous ne ressentions pas l’antagonisme entre marocains et colons, à cette époque du moins. Notre père, lui, nous racontait comment cela se passait pendant le Protectorat», confie-t-il, toujours en murmurant d’une voix douce des souvenirs encore présents dans sa mémoire. Timide, il se laisse apprivoiser, et parfois, laisse entrevoir des élans de force qu’on ne soupçonne pas chez cet homme au regard rêveur. L’enfant qu’il a été, ne diffère probablement pas beaucoup, de l’adulte qu’il est devenu. Ses jeux d’enfant étaient de mélanger les restes de médicaments, et de faire des expériences de réactions entre les produits. Il était déjà fasciné par les réactions et les mélanges de solutions. Prémonitoire cette appétence, puisque des années plus tard, son père le destine à la médecine. Ce à quoi il lui répondra «je ne peux pas. Ma vie c’est la chimie et les laboratoires».

Un « bosseur »
Il a dix années, lorsqu’il doit quitter Louis Gentil pour El Jadida. C’est dans cette ville de province où son père était déjà un notable que les enfants seront scolarisés et s’y adopteront. «El Jadida c’est ma ville de coeur. Nos voisins étaient la famille de l’écrivain Driss Chraïbi. Il était plus vieux que nous, mais en vacances, il revenait du Danemark avec une magnifique voiture «Triumph» et une belle femme à son bord. Nous l’adulions, même si nous n’étions pas cousins,» laisse-t-il échapper, en confidence. Ce sont alors les années «baba cool», quand la mode est aux pantalons à «pattes d’éléphants» aux chemises «pelle à tarte» et musiques folk. Rachid s’adonne à la guitare sans pour autant négliger ses études qu’il prend au sérieux. Studieux plus que de raison, ce qui le démarquera toute sa vie. «Nous étions un foyer modeste. Pour le reste de la famille nous étions pauvres. Mais nous étions, et demeurons soudés, plus encore», tient-il, à préciser. Nous sommes en 1968, et Rachid à 16 ans s’envole déjà pour Brest, avec une bourse d’Etat. «Mai 68» est déjà passé par là, et l’ambiance est à la joie de vivre. Après un DEUG en chimie, obtenu dans le port militaire, il quitte Brest pour Toulouse. Il restera dans la ville rose jusqu’à son Doctorat. «La bourse marocaine était réellement consistante. On touchait 300 francs lorsqu’il en fallait moins de 200 pour vivre. La chambre d’étudiant coûtait 25 francs et le repas 40 centimes. D’ailleurs, cela m’a permis de m’offrir une mobylette. Mais nous vivions avec la peur au ventre, à l’idée de risquer de perdre notre bourse. On n’avait pas le droit à l’échec. Sans bourse, c’était un aller simple pour le Maroc, sans rien!» développe-t-il. Mais Rachid est un élève modèle et qui rejoindra le célèbre centre de recherches français, le CNRS.

Débuts dans la vie active
«Mon professeur, Dr Wright, était une lumière. Lorsqu’il rencontrait un étudiant d’une nationalité qu’il ne connaissait pas encore, il faisait fort, dès le lendemain d’être en mesure de lui faire un cours sur l’histoire de son pays», se remémore-t-il, quelque peu enjoué. Au CNRS, Rachid travaille au sein d’une équipe de chercheurs, aux côtés desquels il prépare et obtient son doctorat de chimie en 1981. Le diplôme en poche, Rachid doit prendre le chemin du retour. Le service civil obligatoire est de rigueur, et on l’affecte à l’enseignement. Mais Rachid est un jeune homme doux, et trop sensible, plus familier des salles de laboratoires où l’on manipule des produits chimiques, et moins enclin à donner des cours, devant des élèves dissipés. Il fait alors son entrée dans le monde du travail. et devient président d’une première entreprise fondée par des cousins, PANAF, puis une seconde MATAL. Il développe alors des molécules industrielles, avant de rejoindre son propre frère à Graphi Chimie, dont il détient 50%. Quelques années plus tard, il finit par devenir associé: «je n’avais pas le sou à l’époque. Mais on m’a toujours pris sous son aile. Il s’est trouvé que le Directeur de la Société Générale de l’époque, m’a accordé un prêt sur 10 années, pour racheter mon entreprise. Au bout de deux années j’avais remboursé toutes mes dettes», dévoile-t-il, reconnaissant. Depuis, il s’investit dans l’associatif, dans une culture du «give back», rendre à la communauté un peu de ce qu’elle lui a donné. Toujours et discrètement dans la pénombre, sans se mettre en avant, et tendant la main aux industriels qui se lancent dans le métier. A tel point que son bureau serait un «moulin» où l’on vient le voir sans s’annoncer, sans formalités. Rachid Chraïbi est justement celui qui, au détour d’un problème industriel, fait la découverte qui va révolutionner le recyclage: la molécule SOVOL/J. Un additif à l’industrie de l’emballage qui accroît la solidité du carton. Lorsque nous nous séparons, l’esprit pratique lui échappe un instant, et on a beau être journaliste, on ne comprend jamais Tintin qu’à son contact.

BIO EXPRESS
1952
: naissance à Louis Gentil (Youssoufia)
1968: Bac scientifique à El Jadida Départ pour Brest
1981: Doctorat en Chimie au CNRS de Toulouse
1983: président de PANAF et MATAL
1986: associé à Graphichimie
2015: invention de SASLO/J

Consultante, prof de Tai Chi, «Papesse» du bien-être

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Elle ne fait pas son âge. Son secret ? Un mode de vie alternatif qui conserve et lui a permis de vaincre la maladie. Passionnée de thérapies alternatives, elle a pris son bâton de pèlerin pour promouvoir le bien-être et le Tai Chi auprès des entreprises et des particuliers. Par Noréddine El Abbassi

Il faut savoir vivre en harmonie, avec son époque. Alors que les femmes de sa génération suivent les tendances mondiales en matière de bien-être, Latifa Wahabi fait figure de «trendsetter». Habillée à la «cool», cheveux au vent et bottes chauffantes, pour prévenir la brise marine fraîche de Dar Bouazza où elle vit et travaille, la «papesse» du bien-être au Maroc nous reçoit dans son centre, une association qui promeut le bien-être. Dans la salle d’attente, on se croirait plus dans un salon bourgeois, les gens, à l’aise, discutent dans une ambiance décontractée, Latifa, maitresse des lieux, veille à la bonne entente. De temps à autre, elle sirote une de ses infusions, toujours disponibles dans un gobelet, à portée de main. Mais la sonnerie du téléphone est quasi ininterrompue. Soit pour un rendez-vous, soit pour une demande de renseignements, fournie volontiers. Régulièrement, Latifa s’absente pour une heure, le temps d’une session de Tai chi individuelle. Selon sa vision sur la médecine traditionnelle chinoise, cette dernière serait un complément aux médecines occidentales. Son crédo est accroché sur la porte: «Prévenir plutôt que guérir», auquel s’ajoute «Que ton alimentation soit ton médicament». Dans la salle d’attente d’Oxygène Station, où elle tient salon, on retrouve un ensemble de produits de Chine, «marquetés» et commercialisés: depuis le miel du Pakistan aux biscuits «snacks» équilibrés et aux algues marines, qui servent de compléments alimentaires.

Une enfance casablancaise

Latifa Wahabi, fait partie de la première génération post indépendance. Elle est la 4ème des 5 enfants d’un père, qui rejoindra la fonction publique en manque de cadres: «Mon père était un homme d’une grande culture. Il avait gardé de son service militaire, la rigueur et l’exigence de la ponctualité», se remémore-t-elle. L’homme veille à ce que ses enfants ne manquent de rien, mais en contrepartie doivent obtenir des résultats scolaires à la hauteur et une qualité de vie équilibrée où la culture est une composante cardinale. Pour autant, la maison familiale n’est pas une caserne. Une attention particulière est accordée à l’éducation de sa fille, qu’il ne quitte pas des yeux. «J’étais scolarisée à l’école Abdelmoumen. A l’époque, le système était soit bilingue, soit très francophone. C’est dans cette dernière section que j’étais scolarisée», explique-t-elle.
Dans les années 60, Casablanca est un joyau. «Les odeurs, la propreté et la qualité de vie étaient telles, qu’on ne sentait pas le stress d’une grande métropole. On vivait réellement dans la modernité et la civilisation. Rien à voir avec le rythme infernal du mode de vie actuel», tempête-t-elle. Latifa prône un mode de vie proche de la nature, et ne s’en cache pas. «Trop d’internet, de smartphones et de tablettes vous déconnectent de la vraie vie», assène-t-elle, avant d’ajouter « Trop de fastfood et de mode de vie malsain. Je regrette la période de mon enfance où il y avait une réelle vie de famille, des rapports humains et solidaires entre tous».

De Tanger «ville internationale», au Monde

La famille déménage pour Tanger, quand Latifa a 11 ans. En pleine époque «beat», flower power des années 70. Il lui faudra une année pour s’adapter à son nouvel environnement, et s’ y intégrer. «On avait l’impression de vivre presque dans un pays d’Europe, tant la population était multinationale. Tanger gardait encore son héritage de ville internationale et la proximité de l’Espagne était encore très présente. La langue et les traditions étaient très différentes, mais cohabitaient dans une espèce d’harmonie particulière. Au bout d’un moment, je parlais comme eux et je rentrais dans le moule», confie-t-elle. Les cheveux châtains, le look de prof de Tai chi chuan, Latifa a réellement le style de son métier. On l’imagine plus volontiers en Californie, sur une plage ensoleillée, entourée de surfeurs, qu’elle guiderait sur la voie de l’union avec la nature, plutôt qu’à Casablanca, dans la pollution et la cacophonie des klaxons. Le bac en poche, Latifa commence ses études à la faculté, en littérature anglaise. Deux années après, elle se marie, et son fils aîné verra le jour. Alors qu’elle mène de front sa vie d’étudiante et ses responsabilités familiales, un deuxième garçon viendra bientôt tenir compagnie à son frère. Mais parallèlement, la mère de famille qu’elle est, parachève sa formation. Mais elle regarde outre Atlantique où ses trois frères vivent aux Etats-Unis, avec sa mère. Elle leur rend fréquemment visite pour des séjours longs. L’occasion de suivre les cours de l’Université de South Baylo en Californie, déjà en avance en matière de médecines douces et de développement personnel.

Une formation pluridisciplinaire

Latifa sera initiée à la méditation transcendantale par le Mahareshi Yogi, une figure du spiritualisme américain des seventies. Après sa licence en anglais, elle s’initie aux thérapies douces, au shiatsu, à la réflexologie et à la massothérapie à l’école Internationale de Belgique en 2002. Mais un coup du sort la plongera plus profondément dans les médecines douces. La maladie qui la frappe, et qu’elle soigne par le Tai Chi et les médecines douces, la pousse à approfondir ses connaissances et même à obtenir un Master en Médecine Chinoise- thérapies et bodyworks. «C’est réellement ce qui m’a aidé. Depuis, c’est une addiction. Je ne peux pas passer une journée sans Qi Gong, Tai Chi ou méditer pendant plusieurs heures», développe-t-elle. La rencontre déterminante arrive en 2005, lorsqu’elle rencontre Me Chen, le descendant de la famille chinoise fondatrice du Tai Chi, un art martial «énergétique» chinois depuis, très populaire dans le monde. C’est auprès de ce dernier qu’elle apprend la discipline, un style original pour l’époque, qui sera popularisé par la mode sinophile. Nouvelle passion au sein de l’Université californienne, elle apprend la diététique chinoise, avant de s’engager dans la macrobiotique. Elle use les bancs de l’Institut Kushi, d’après son fondateur Michio Kushi.

Consultante en entreprise

De retour au Maroc, elle commence par proposer ses services aux entreprises et aux particuliers. Son activité se développe, et elle propose des sessions de «team building», et de gestion du stress et de la performance en entreprise. C’est ainsi que nait l’idée d’Oxygène Station, un centre pour la promotion du bien-être au Maroc. Loin de la pollution casablancaise, et en bord de mer, pour plus de sérénité dans le Tai Chi. Sa fille suivra sa voie, à sa grande surprise. «Je ne sais pas comment, elle qui suivait une voie qui devait la mener vers la diplomatie et les sciences politiques, s’est retrouvée dans mon domaine. Dans un sens, nous sommes complémentaires», explique-t-elle. Depuis, Latifa Wahabi officie à Oxygène Station, où elle dispense ses cours. C’est qu’elle en a parcouru du chemin, depuis ses sessions de groupes, à destination des femmes américaines des clubs privés de Casablanca. Aujourd’hui, c’est un véritable centre holistique qu’elle tient, où elle suit les derniers développements du bien-être et du développement personnel. Et cela continue.

BIO EXPRESS

2002: diplôme en shiatsu, réflexologie, massothérapie de l’Ecole Internationale Belge
2005: formation en Tai Chi style Chen avec Me Chen
2006: Master of Chinese Medicine de l’Unversité de South Baylo en Californie (USA)
2011: fondation du centre de bien-être Oxygène Station
2013: Membre de l’association nationale chinoise de Tai Chi Wu Shu de Nanjin (Chine)

L’écolo venu du monde des affaires

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Il a gardé de beaux restes de son passé de sportif de haut niveau. Cet homme d’affaires a multiplié les formations, est passé de carrière en carrière, pour devenir un entrepreneur social qui allie action associative et sensibilisation au développement durable. Par Noréddine El Abbassi

Le deuxième round du sommet du climat se prépare à Marrakech. La COP 22 fait écho à la COP 21 qui s’est tenue à Paris. Au Maroc, l’évènement va à nouveau mobiliser les acteurs du développement durable. Signe des temps, le Maroc n’est pas une patrie de Paul Watson et d’éco-extrémistes tendance Children of Gaïa ou Green Peace. C’est plutôt une volonté Royale, affirmée lors du discours de la Fête du Trône du Souverain, qui a mis la problématique sur la table, et ouvert la voie à toute une génération d’activistes «soft» pour le développement durable. Mehdi Alaoui Mdaghri, est de ceux là. Grand et athlétique trahissant son passé de tennis man de haut niveau, une barbe «roots» et un style bobo parisien, permet de situer le personnage. C’est un enfant de la campagne, et son attirance pour la protection de la nature, on la trouve dans ses premières années au grand air.
Il est né en 1972, à Casablanca. Aîné des six enfants d’un haut fonctionnaire multicartes, et d’une enseignante universitaire, il retrace son passé avec beaucoup d’humour: «mon père était directeur de l’ISCAE. Du coup, notre adresse était «km 9,5». Nous étions en dehors de Casablanca, et à cette époque c’était réellement la campagne, avec trois forêts autour de nous. Chaque jour, je revenais avec un animal recueilli dans la nature, depuis le chat au serpent», se remémore-t-il dans un rire spontané. Le jeune Mehdi arpente la grande école marocaine, entre les terrains de tennis et la bibliothèque familiale que son père étoffe. L’occasion pour lui de dévorer les romans de science fiction, et de découvrir les classiques de la littérature française du XIXe et du XXe siècle.

Débuts dans les affaires
Hyperactif, ses parents essaient de canaliser son énergie dans le sport. Il pratique alors le judo et le tennis, et c’est dans ce dernier sport qu’il excelle. Il sera même classé au championnat national, et participe à l’organisation de ce qui deviendra le tournoi Med Avenir. Prémonitoire cette première expérience, à l’âge de 14 ans, puisque l’organisation d’évènements deviendra, plus tard, son métier. Il passe de classe en classe, de lycée en lycée, et passera son Baccalauréat au Lycée Descartes de Rabat. Ce sera un bac B, en 1991. Après quoi, il s’envole pour Montréal poursuivre ses études. Là, il décroche un certificat en anglais, avant de revenir à une destination plus classique pour l’époque. Il use les bancs de l’Ecole Lincoln International Business School, qui sera reprise par le groupe ESG de Paris. Avant de revenir au Maroc. Il n’est alors pas question de commencer dans le salariat. Mehdi lance une première entreprise, Alabel, avec son ami M. Belarbi, et les deux associés commercialisent des modems US Robotics, dont tous les internautes de plus de 30 ans se souviennent encore. Nous sommes en 1995, et Internet pointe au Maroc. C’est encore un service loin d’être généralisé, et pour ouvrir une fenêtre, il faut attendre de longues minutes avant d’accéder à la toile. C’est également la période de l’émergence des «chats» et «l’apparition» du «village planétaire». Mehdi diversifie son activité. Avec le même associé, ils se lancent dans la téléphonie mobile et les kiosques téléphoniques. Nouveau développement de leur activité, ils se lancent dans la formation. Les affaires se portent plutôt bien.

Cadre puis doctorant
Arrive 2001, Mehdi aspire à développer ses compétences. Il s’envole pour l’Espagne préparer un Master en Gestion Interculturelle à la New Arab Management School. L’école compte alors des professeurs émérites, tels que feu Mohamed Arkoun. Ce dernier penseur de l’islam dispense ses cours en tolérance religieuse et le travail en milieu interculturel. Mehdi progressera jusqu’à devenir l’assistant de recherche du grand professeur Guiseppe Riverola. L’année 2001 est également celle du 11 septembre, et Mehdi est en plein milieu du fief de l’organisation conservatrice chrétienne, Opus Dei : «étant le seul arabe musulman de l’amphithéâtre, lorsque l’on diffusait les images des Twin Towers s’écraser, je me dirigeais discrètement vers la sortie. Il ne faisait pas bon être un «moro» en Espagne», relate-t-il. Il poursuit néanmoins ses études en Espagne, dans la grande école du pays, l’IESE. En parallèle, professionnellement, Mehdi prépare l’introduction du distributeur de produits de grande consommation, Persan, sur le marché marocain, connu pour sa marque de détergents Flotta.
Retour au Maroc. Au courant de la même année, Mehdi intègre Xerox, dans son pôle impression. Il est chargé de commercialiser des systèmes d’impression de masse. Il y restera jusqu’en 2003, quand à nouveau, son appétit de savoir le reprend. Mehdi s’envole pour un doctorat en Italie. «J’ai décroché une bourse de recherche sur le e-business. J’ai été surpris d’être classé 3e sur les 600 candidats au concours d’admission à l’Université de Lecce. Je n’avais pourtant lu que quelques livres sur ces problématiques», explique-t-il. Commence alors un cycle d’études sur les évolution du monde des affaires, avec l’arrivée d’internet. Mehdi se penche sur le cas des entreprises touristiques du Maroc, dans le tourisme rural. C’est dans ce cadre, qu’il étudie sous la férule de David Verrill, le Directeur de Laboratoire e-business du MIT.

Retour à l’écologie
Nouveau changement d’horizon, pour la veille stratégique et l’intelligence économique. Mehdi intègre le leader européen de veille stratégique, Digimind, et passe son temps entre deux avions. «J’étais deux semaines à Paris, une au Maroc, et une quatrième ailleurs, quelque part dans le monde. On travaillait sur des questions intéressant autant des gouvernements que des entreprises privées.» Mehdi est alors en charge de l’Europe du Sud et de l’Afrique et pilote l’installation de la veille stratégique pour de grands groupes, tels que la CDG ou Maroc Telecom. Mais c’est également à ce moment, et dans le cadre de ses responsabilités, qu’il revient à ses premières amours, l’évènementiel. Mehdi organise des conférences et des séminaires pour Digimind et mûrit son idée de promouvoir le développement durable au Maroc. C’est en 2009, lorsque le fameux discours de Sa Majesté ouvrira la voie, qu’il peut passer à la concrétisation de sa réflexion. Mehdi lance alors l’ONG Planète Citoyenne, et participe aux festivals de Dakhla et de Lalla Takerkoust et organise différentes sorties thématiques. «Il s’agissait de promouvoir le développement durable par différents biais. Le sport, la spéléologie, ou ornithologie par exemple. Dans un sens, nous voulions faire passer le message auprès du public», explique-t-il. Commence alors une période de lobbying. En parallèle, il fonde son entreprise Eugeno, en 2014. Un an après avoir fondé le Forum de la Mer, et, l’année suivante, le Solar Festival en collaboration avec Patrick Bauer, initiateur du Marathon des Sables. Depuis, Mehdi Alaoui Mdaghri continue dans l’associatif: « je ne suis pas un écolo extrémiste», tempère-t-il. Et qui pourrait en douter?

BIO EXPRESS

1972: naissance à Casablanca
1991: Bac B au Lycée Descartes
1995: Ecole de commerce Lincoln International Business School
Fondation de ALABEL et Heracles
2001: Master en gestion interculturelle de la New Arab Management School
Master à l’IESE Madrid
Entrée à Xerox
2003: Doctorat en e-business à l’Université de Lecce
2007: responsable Europe du Sud et Afrique en intelligence économique et veille stratégique à Digimind
2009: fonde l’association Planète Citoyenne
2013: fonde le Forum de la Mer
2014: fonde Eugeno
2015: fonde Solar Festival

Sportif automobile, manager, ingénieur

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Il se serait rêvé pilote de ligne, mais la vie en a décidé autrement. Ce produit de l’école publique marocaine a fait ses premières armes dans la haute administration avant de se tourner vers le privé, le développement durable, puis l’immobilier. Par Noréddine El Abbassi

M’hamed Mrini, c’est une main de fer dans un gant de velours. Rigueur, qu’il tient certes, de sa formation d’ingénieur, mais sans doute par la formation qu’il a eu l’occasion d’acquérir au Japon. Si l’on dit que l’on est la somme de ses expériences, celles de M’hamed Mrini ont été riches non seulement en enseignements, mais également en diversités.
Né en 1971, à Rabat, M’hamed est l’aîné des quatre frères de la famille. De ce fait, très tôt, il doit assumer des responsabilités d’ainesse, selon un modèle traditionnel qui stipule que: «dans une famille, c’est souvent le frère aîné qui doit montrer l’exemple», commente-t-il modestement. Habillé d’un costume sombre, d’une chemise blanche et d’une cravate sobre, il a le style du manager accompli. Mais on devine l’enfant sage, qu’il a dû être. Trop peut-être, puisque jeune homme, sa préférence sera plutôt pour un ordinateur que pour une moto afin de débuter la programmation. Peut être encore un autre aspect du sens des responsabilités. Le père fonctionnaire, conscient de ses responsabilités, délègue la gestion de la maisonnée à une épouse non moins responsable. «Ma mère nous a inculqué des valeurs axées autour de la cellule familiale, du respect des autres, de l’amour du prochain et de l’entraide entre les uns et les autres. Je crois, que par ailleurs, nous sommes une vraie famille unie», explique-t-il. M’hamed qui grandira dans le quartier bien situé de Hassan, et se rappelle d’une tranche de vie dont il garde le meilleurs souvenir. «C’était un quartier très tranquille», dira-t-il. Ce sont les années 80, et les loisirs sont modestes, comme pour toute une génération. On joue au football dans la rue, avec des camarades, qui, au fil des années font figure de seconde famille, tant la vie de quartier est unie. M’hamed est scolarisé à l’Ecole La Salle, une école privée de la capitale. La famille déménagera cependant pour le quartier salétin de Hay Salam, lorsque le père bénéficiera d’un terrain, concédé à prix préférentiel par l’Etat. C’est d’ailleurs, presque tout son entourage qui déménage alors. Comme une migration de ce même terreau de son enfance pour Salé.

Ingénieur passionné de développement durable
Nous sommes en 1988, M’hamed vient de décrocher son Bac scientifique, Sc Maths, comme on l’appelle alors, et débute dans la vie Associative en fondant le club de vulgarisation scientifique de l’Association Bouregreg. Sa vie rangée l’a fait passer du Collège Al Jahid au Lycée Ibn Khatib. Le moment de faire un choix de carrière. «Le niveau du lycée était bon. C’était avant l’arabisation, et nos enseignants marocains étaient à la hauteur. Nous avions tous des appétences différentes, mais avec des ambitions certaines. On aspirait à des carrières dans le journalisme, la médecine, ou encore à l’ingénierie», confie-t-il. Pourtant, il n’était pas évident que réaliser de tels projets était chose aisée. Mais M’hamed ne manquait ni de volonté, ni de bons résultats scolaires pour espérer réussir. Le choix était dès lors, entre des études d’ingénieur ou de médecine, les «voies royales», par excellence. M’hamed opte pour la première alternative. Il intègre donc le Lycée My Youssef de Rabat, pour suivre les cours des Classes préparatoires aux Grandes Ecoles d’Ingénieur. Au terme de deux années de préparation, il décroche le concours d’admission à l’Ecole Hassania d’Ingénieurs: «ce n’est certes, pas une école militaire, mais le régime était spartiate. Lors des entretiens préliminaires, on nous a expliqué que l’école dispensait non seulement une formation technique, mais avait aussi pour ambition de contribuer à l’épanouissement de ses élèves et d’aider à former des cadres dirigeants de hautes valeurs. Arguments qui, bien entendu, n’ont pas manqué de me séduire», explique-t-il, avec force détail. A l’Ecole Hassania, il opte pour les problématiques d’hydraulique et d’environnement. Prémonitoire cette expérience, puisque lorsqu’arrive 1993, le ministère de l’Equipement lance un concours d’admission pour un nouveau département dédié au «développement durable». «Je me souviens très bien de la date de remise des diplômes qui était le 3 juillet. Or, je prenais possession de mon bureau au ministère le 7. J’aurais eu donc, en tout et pour tout, 4 jours de vacances», s’exclame-t-il.

Un parcours d’élite
Les débuts du développement durable étaient alors très récents au Maroc. En 1992, la Banque Mondiale et le Gouvernement Marocain mettent en place la stratégie du pays dans le domaine. C’était, à la suite du Sommet de Rio, présidé par Mohammed VI, alors Prince Héritier. La cellule dont fait partie M’hamed met en place cette politique de développement durable. La carrière de M’hamed passera par plusieurs ministères, depuis le ministère de l’Equipement jusqu’au sous-secrétariat du ministère de l’Intérieur. Il restera dans le Service Public jusqu’en 1998. quand il entreprend une formation au Japon, organisée par la Coopération Internationale Nipponne. Il décroche le diplôme équivalent et en «prime» apprend la langue japonaise. «C’est au Japon qu’on découvre comment ce peuple, qui vit sur une île sans ressources naturelles, a su se structurer en société et en groupe, dans la fluidité et le respect de l’autre, ce n’est donc pas par hasard que le Japon fait partie du «club fermé» des plus «grandes puissances» de ce monde», développe-t-il. Il intègre alors un bureau d’études, où ils sont plusieurs ingénieurs à travailler sur les problématiques du dessalement de l’eau de mer et de l’alimentation en eau potable dans les zones rurales. Il y reste pendant cinq années, au bout desquelles il intègre la Société Centrale d’Equipement du Territoire. L’entreprise, appelée Scete fait partie du groupe de la Caisse des Dépôts et Gestion.
Sur le plan personnel, M’hamed est déjà marié depuis 1999 et 2004 verra la naissance de son premier enfant. Dans l’intervalle, M’hamed prépare un MBA à l’école des Ponts et Chaussées, délocalisée à l’Ecole Hassania, avant d’intégrer la NOVEC, toujours dans le même groupe. 2006 sera l’année du virage. Il passe dans une nouvelle filiale de la CGI, et est en charge d’Al Manar, qui gère le dossier de Casa Marina. Sa mission est de réfléchir à décupler le volume d’activité de l’entreprise. M’hamed trouve la solution dans l’introduction en bourse de l’entreprise. Il sera nommé DG de Casa Marina en 2010, l’année de naissance de son second enfant. Il se consacre entièrement au projet qu’il mène à terme en 2015. Depuis cette année, M’hamed Mrini a rejoint Eagle Hills comme Country Manager Maroc. «L’équipe dirigeante est composée de Managers de Emaar, donc même si l’entité est jeune, l’équipe est expérimentée», conclut-il. Et le Maroc a bien ses particularités propres.

Bio Express

1971: Naissance à Rabat
1988: Bac Sc Math au Lycée Al Jabir
1993: diplôme d’ingénieur de l’Ecole Hassania, débuts au Ministère de l’Equipement
1998: rejoint le bureau d’études Helgem
2003: entre à la Scete (groupe CDG)
2005: MBA des Ponts et chaussées
2006: entrée à la CGI
2010: DG d’Al Manar
2016: Country Manager de Eagle Hills

Manager panafricain, tennisman, humaniste

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Il a fait sa carrière hors du Royaume. A 38 ans, ce manager a déjà été DG de trois filiales de groupes de télécoms de premier plan en Afrique. Depuis le Kenya, ce Marocain représente son pays sur la scène internationale des télécommunications. Par Noréddine El Abbassi

Les chemins de l’étranger seraient plus aisés que ceux de son propre pays. Presque une règle, qui dans un Maroc qui se positionne sur le continent, fait que les liens avec l’Afrique sont de plus en plus valorisés. Adil El Youssefi est justement un de ces nouveaux managers internationaux qui ont fait leur chemin à l’international. Se déployant sur trois continents, il a été amené à visiter le monde et à se tailler un costume qui l’a conduit au rang de DG d’un grand opérateur de télécommunications en Afrique. Son chemin, c’est presque une «image d’Epinal», de l’étudiant marocain qui s’est imposé à l’international.
Adil est né en 1978, à Casablanca. Aîné «ex-aequo», comme il l’affirme avec une pointe d’humour, en référence à sa soeur jumelle. «C’est assez différent de grandir avec un jumeau, et plus encore quand il s’agit d’une soeur. On se rend très rapidement compte des différences d’intérêts, surtout à l’adolescence. Sans oublier que c’est également enrichissant. Bien sûr, nous avions une certaine rivalité scolaire, même si elle a choisi la médecine, et moi le management», analyse-t-il. La fratrie compte également un frère cadet.
Le père de Adil est avocat, alors que sa mère est institutrice. Comme beaucoup d’enfants d’enseignants, il est plutôt très bon à l’école: «Nous n’avions pas des parents constamment sur le dos, comme c’est le cas parfois. Au contraire, ils nous responsabilisaient et nous expliquaient que si nous voulons réussir, ce sera grâce à notre propre mérite et à nos efforts, que nous le devrons. Cette pédagogie a convaincu et a donné de bons résultats», confie-t-il. Dans son discours, crédible, on imagine volontiers, un enfant studieux à l’école, décidé et volontaire. Presque le «gendre idéal» pour la mère marocaine traditionnelle.

Ingénieur par passion
Ses loisirs tournent alors autour du tennis, qu’il a commencé à pratiquer dès l’âge de 10 ans. Sport qu’il n’arrêtera jamais réellement. Mais avec les amis, on joue aussi au mini foot, le football en salle. Adil est scolarisé dans le système public à partir du Collège, au Lycée Al Baroudi, après un passage par le privé, au stade de l’école primaire. C’est dans le quartier de Aïn Sebaa qu’il grandit, dans les années 80. Ce n’était pas l’actuelle zone industrielle, mais un vaste quartier de villas, où les palmiers décoraient de larges avenues.
Loin des usines et de la vie ouvrière, toute une «classe moyenne» y habitait, avant que des immeubles ne poussent comme des champignons. Au lycée, on y cultive une certaine mixité sociale, et tout le spectre de la société casablancaise se retrouvait réuni dans la même classe. Adil, lui, élève studieux, figure en tête du classement. Ce qui lui ouvrira les classes préparatoires aux grandes écoles d’ingénieurs, au Lycée Mohammed V. La compétition se durcit et il faut travailler encore et encore, pour avoir une chance de décrocher l’admission à une grande école.
Cela arrivera en 1998, et Adil a le «choix des rois», puisqu’ il réussira aussi bien l’accès à de bonnes écoles au Maroc qu’ en France. Avec en prime, une bourse d’études. «Lorsqu’on est jeune, on n’aspire qu’à quitter sa famille et être indépendant. Ma bourse couvrait les frais d’inscription et mes besoins quotidiens. J’ai donc choisi de partir pour la ville universitaire de Bordeaux, très cotée au Maroc», justifie-t-il. Il fait ses classes à l’ENSEIRB, et télécommunications. Lorsque vient le moment des stages, en 1999, Adil opte pour les USA, où il travaille pour la Southwestern Publishing Company. Parallèlement, il vend des livres en porte à porte, pour ajouter du beurre à ses épinards.

Premiers pas dans les télécoms
Première expérience commerciale: «C’était mon premier contact avec la vente. Il faut réellement avoir un mental d’acier, car seules 0,25% des visites se concluent par une vente. Mais, à coup sûr, cela forge la personnalité», explique-t-il. Il connaît déjà les USA pour les avoir visités en vacances en famille, mais cet épisode lui enseigne des qualité de gestion de la vie quotidienne, et celle de son budget. Sa deuxième expérience professionnelle, elle, débouche sur un emploi. En effet, affecté en stage chez Philips, à Paris, on lui propose de devenir permanent, au bout de cinq mois seulement. Ce qui fait que, lorsque Adil obtient son diplôme d’ingénieur en 2001, il a déjà un emploi et à cet effet, déménage à Paris. Là, il habite en colocation, et se frotte au monde des télécommunications sur le terrain. Adil passe 6 années dans la capitale française, et y vivra les attentats du 11 septembre de New-York. Évènement qui marquera l’époque, et façonnera en quelque sorte, le monde d’aujourd’hui.
Arrive 2006, Adil réalise qu’il lui faut donner un coup d’accélérateur à sa carrière. Ce sera par une autre «voie royale», celle d’ un MBA. Malgré ce qu’il estime une première déconvenue, à savoir son admission à Harvard, ce sera un MBA à Singapour avec la non moins prestigieuse INSEAD. «Dans le fond, nos échecs nous permettent de nous préparer à la suite. Peut-être que c’est mieux ainsi», tempère-t-il. L’institut a alors un programme entre deux campus en Asie et en France, et Adil passe 6 mois dans chacun des deux pays. Au terme de son cursus, en 2007, il intègre British Télécoms, à Londres. Dans une équipe de «consultants internes», il élabore des recommandations pour le géant britannique. «Très vite, je me suis rendu compte que je préférais l’opérationnel. J’ai été contacté par un «chasseur de têtes» qui m’a proposé un poste plus proche de mes aspirations», se remémore-t-il. C’est l’année 2008, quand Adil, alors tout jeune marié, quitte l’Europe pour l’Asie.

Destination Afrique
La destination est loin d’être anodine, puisqu’il est bombardé conseiller au PDG à Millicom Sri Lanka. Entre l’Inde et autres contrées d’ Asie, il grimpe les échelons. L’expérience est probante, puisqu’il sera nommé DGA de Millicom Tchad, puis DG. Changement de pays, puisqu’en 2012, il sera nommé DG de Millicom Ghana: «c’étaient des expériences très différentes. La première fois, il fallait lancer une entreprise, la deuxième développer un business, sur un marché plus mûr et porteur», analyse-t-il. Sa famille l’a rejoint, et avec ses deux enfants, la famille connait une vie rangée, dans un fleuron de l’Afrique Anglophone. Mais en 2014, une nouvelle opportunité se présente à lui: «le même chasseur de têtes m’a approché, pour un poste au Kenya. En concertation avec ma famille, nous avons décidé de tenter l’aventure», explique-t-il.
Depuis cette date, c’est à partir du Kenya, qu’il officie, comme DG de Airtel Kenya. L’entreprise de télécommunications fait partie du groupe indien Bharti Airtel, qui opère dans 20 pays en Afrique et en Asie. «Manager itinérant», il voyage entre Amsterdam au Pays-Bas et Delhi en Inde, sa base d’action, restant kenyane. «C’est un pays très beau à voir. On prend sa voiture et on se balade à travers un pays, aux paysages fabuleux. D’ailleurs, très connu pour ses safaris, réputés», explique-t-il.
On parle souvent de diplomatie économique, mais rarement des Marocains qui font cet échange interculturel à l’échelle du continent. Pourtant, dans ce sens, Adil El Youssoufi est en quelque sorte, un «Ambassadeur» du management, glocal.

Bio Express

1978: naissance à Casablanca
1996: Bac S au Lycée Al Baroudi
2001: diplôme d’ingénieur de l’ENSEIRB Bordeaux entrée à Philips
2007: MBA de l’INSEAD entrée à British Télécoms
2008: conseiller auprès du PDG de Millicom Srilanka
2010: DG Millicom Tchad
2012: DG Millicom Ghana
2014: DG Airtel Kenya

Entrepreneuse formée chez Goldman Sachs, fan de cycling

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C’est une entrepreneuse qui a fait ses classes chez Goldman Sachs. Rentrée au Maroc, cette financière d’élite, s’est reconvertie dans le business de l’art, avant de tenter l’entreprenariat, «en famille». Par Noréddine El Abbassi

Le métier d’entrepreneur ne s’apprend pas. Néanmoins, on remarque que certains parcours y mènent presque «naturellement». Zineb Idrissi Kaitouni est de ceux qui ont emprunté des parcours pour le moins «classiques», presque «royaux» pour devenir quelques années plus tard, entrepreneuse. Cet esprit, c’est peut-être aux Etats-Unis, où elle a étudié et entamé sa carrière professionnelle, que Zineb l’a acquis. Peut-être aussi, une approche de «banquière d’affaires», qu’elle deviendra. Assurément, sa carrière y est pour beaucoup, mais aussi et surtout le cheminement de vie, aura été un autre facteur déterminant.
Zineb est née en 1981, à Fès, mais ne restera pas longtemps dans la capitale spirituelle du pays. C’est à Rabat que la fille ainée des trois enfants d’un architecte et d’une mère haut fonctionnaire de l’Administration, grandira. A l’instar de nombreux enfants ainés de famille, elle est très tôt responsabilisée: «il n’y a pas une grande différence d’âge entre mes frères et moi même. Quelques mois seulement me séparent du premier. Du coup, j’avais une envie de montrer l’exemple, d’être une sorte d’exemple, même si à cet âge les différences étaient minimes et nous étions quasiment jumeaux. Nous avions les mêmes amis, fréquentions la même école d’abord et le même lycée ensuite», confie-t-elle.
Zineb est scolarisée à la mission française. C’est une bonne élève qui se passionne pour la danse et le golf. «J’ai commencé le Golf à 8 ans, «à la Rabat». J’ai même remporté quelques tournois», confie-t-elle. Il faut peut-être préciser, qu’à cette époque, ce sport est pratiqué par la majorité d’une certaine élite marocaine, qui le transmet à sa descendance. Pour ce qui est de la danse, c’est plutôt une affaire de goût: «j’ai commencé par la danse classique, mais rapidement je me suis mise à la danse contemporaine».

I love New-York
Les voyages, dit-on, forment la jeunesse. Mais un de ses déplacements en famille, sera déterminant. Zineb est en classe de quatrième, quand en compagnie de sa famille, elle visite les USA. La métropole de New-York constitue pour elle une découverte fascinante, et tout naturellement elle en tombe amoureuse. Dès ce moment, sa décision est prise: elle y reviendra pour ses études et le projet sera réalisé quelques années plus tard. En attendant, elle perfectionne son anglais et se donne les conditions pour le concrétiser.
Nous sommes en 1999, et Zineb vient de décrocher son Bac S au Lycée Descartes. Elle s’envole donc dès après pour New-York. Elle s’inscrit à l’Université de l’Etat de New-York, Baruch College, au sein de la Business School Zicklin. Encore un parcours studieux, mais qu’elle agrémente par la pratique du sport, qui d’ailleurs, occupe une place importante dans la formation disciplinaire: «le campus disposait d’une salle de sport, très bien aménagée. C’est là que j’ai découvert le cycling, les exercices de vélo en salle, auquel, dès le départ, je m’étais attaché. Nous y allions entre amis, après les cours ou quand nous avions un moment disponible» développe-t-elle.
Zineb étudie la finance, et c’est la banque d’affaires qui lui «tend les bras». Elle commence par un stage chez UBS Paine Webber en 2001. Elle n’était qu’à sa première année, mais déjà, elle savait où ses pas la mèneraient. L’année suivante, elle passe chez Merryll Lynch, où elle reste deux années: «dans le système américain, un stage est comptabilisé comme une unité d’étude, faisant partie du cursus», explique-t-elle. Ce qui explique qu’elle passe autant de temps en entreprise, et par la même, apprendre le métier. Puis arrive 2003, et c’est réellement là qu’elle intègre le programme dédié aux jeunes de Goldman Sachs. Elle n’est pas encore diplômée, mais déjà, on lui propose un emploi.

De Goldman Sachs à Dabadoc.ma
L’année 2004 sera celle de ses débuts professionnels. Comme on le voit souvent, la banque d’affaires est un domaine où l’on valorise la performance. On travaille beaucoup, tardivement, et évidemment, on ne compte pas ses heures. «Souvent, le travail se poursuivait jusque vers minuit. Mais pour durer, il faut savoir faire la part des choses. Goldman Sachs est une entreprise qui offre de bonnes conditions de travail à ses employés. On pouvait faire du sport dans l’enceinte des locaux de la Banque. Ce dont j’ai profité et qui m’a permis de garder la forme», expose-t-elle. La passion de Zineb pour le vélo en salle, la pousse à se dépasser, et restera encore deux années dans l’entreprise.
Arrive 2006, et elle doit faire un choix: «après une telle expérience, je voulais poursuivre mes études. Donc je suis partie pour Montréal préparer un Master». C’est aussi le moment, où elle fait une autre rencontre déterminante, celle de son futur mari. Elle passe deux années au Canada, avant de rentrer au Maroc et se marier.
Mais le retour au Maroc n’est pas «évident». Zineb prend un temps pour mûrir sa réflexion. Ce sera également le moment où elle fonde une famille, puisque 2009 verra la naissance de son premier enfant. Elle monte une galerie d’Art, en 2011, mais «l’éclair de génie» arrive en 2012. «Je cherchais un pédiatre, pendant un week-end, mais je ne savais pas à qui m’adresser. Comme souvent au Maroc, on se fait recommander quelqu’un par la famille, sans rien savoir de la personne à qui l’on s’adresse», relate-t-elle, prise dans un tourbillon de passion. Tout à coup, elle se révèle entrepreneuse et «working woman», au fait des affaires.
Elle s’associe alors avec son frère cadet, le plus jeune des trois, et ce sera le départ de Dabadoc. «Mon frère et moi sommes réellement complémentaires. Il a étudié le e-commerce aux USA, où il m’avait rejoint, lorsque j’y étais», explique-t-elle. Depuis, le projet a convaincu, puisqu’il s’est implanté en Algérie et en Tunisie. Au final, c’est avant-tout un bébé «familial» et de la banque d’affaires. De fait, Zineb Idrissi Kaitouni en est arrivée à gérer un autre «capital», la santé!

BIO EXPRESS

1981: naissance à Fès
1999: Bac S Lycée Descartes
2003: Débuts à Goldman Sachs
2004: Bachelor en Finance et investissements de Zicklin School of Business, Baruch College, (New York, NY)
2006: MBA HEC Montréal
2014: Fonde Dabadoc.ma


Entrepreneurs, commerciaux d’élite, DJ

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Leurs parcours sont très différents, mais ils ont trouvé des points communs. Ces partenaires ont su profiter de leur complémentarité pour entreprendre et avancer. Par Noréddine El Abbassi

La vie vogue souvent au gré du hasard. Ce sont en effet parfois, de simples rencontres fortuites, qui se révèlent déterminantes quant à l’avenir. Yann et Ghali ont vécu cette «synchronicité», qui les a réunis dans le cadre professionnel, avant d’en faire ensuite, des partenaires, d’un projet commun.
Yann est né en France, en 1968, dans la région d’Orléans. «Je suis un «rat des champs» et non de la ville. Lorsque j’ouvre les volets de la maison de mes parents, je ne vois que des fermes, tout autour, et à perte de vue. Il m’arrivait même, pendant mon enfance, d’aider notre voisin Daniel, à rentrer les bottes de paille», évoque-t-il. Pourtant, il faut préciser que Yann n’est pas fils d’agriculteur, son père étant chef d’entreprise dans le BTP. Il est le cadet des trois enfants de ce couple français, des «notables» de province. Son enfance sera bercée par la musique et sa passion est la batterie, se risquant même à composer des compilations musicales. Son sport favoris est la natation, une tradition familiale. D’ailleurs, sa soeur aînée, en fera sa vocation et poursuivra en sport études. Yann lui-même s’entraîne en semaine et participe souvent à des compétitions les week-ends. Dans le récit de Yann, force est de noter le dynamisme qu’il dégage. Une force verbalisée, qui traduit une «volonté de réussir» marquée.
Ghali est né au Maroc, à Rabat en 1973. Il est le petit dernier d’une fratrie des trois enfants d’un couple, dont le mari est fonctionnaire au ministère de l’Education Nationale, et l’épouse enseignante. La réputation des enfants d’enseignants comme bons élèves, ne se dément pas et Ghali la confirme et ajoute. « Au Maroc, on ne pense qu’aux études et pour les parents, c’est l’essentiel. Etre bon à l’école d’abord et pour le reste, il n’y avait pas grand chose à faire. J’ai été inscrit au basket un moment, mais en général c’était plutôt le football entre amis dans le quartier». Ghali est scolarisé dans le système public: «l’enseignement était bilingue, mais il était de bonne qualité», commente-t-il. C’était avant le naufrage de l’enseignement, lorsque l’Education Nationale avait encore une «âme». Il obtient le Bac, serie Sc Ex en 1991, au Lycée Dar Essalam.

Une formation classique
Entre-temps, Yann scolarisé en France, obtient un Bac Professionnel en 1985 et enchaîne avec un BTS. Ce qui adviendra après le service militaire, encore obligatoire. A ce moment, la formation est de rigueur et ses performances sportives le feront admettre dans une division d’élite, les «bérets rouges». Il compte parmi les parachutistes et nageurs de combat: «c’était très formateur pour la jeunesse. Je pense que tous nos problèmes de manque de civisme proviennent de la suppression du service militaire. Pour ma part, je n’étais pas nageur de combat, mais j’ai eu mon brevet de parachutiste. Je dois dire que j’ai énormément appris. Surtout à me débrouiller et à faire avancer les choses», explique-t-il, encore reconnaissant. Au terme de son service militaire, il passe son BTS Action Commerciale, en tant que candidat libre. Il débute ensuite comme VRP pour une marque de parfum et sa responsabilité couvre 12 départements. C’est alors que son oncle lui fait une proposition qu’il ne peut refuser: implanter la marque de vêtements de luxe Sonya Rykiel en Russie. «Mais lorsque j’en suis revenu, je réalisais que j’avais des «envies d’ailleurs», et que je ne pouvais plus me satisfaire de rester en France», expose-t-il, avec conviction. Il s’envole alors pour les USA, où il se fait engager par Harley Davidson. Il est en charge de la commercialisation des motos de la fameuse marque en Europe francophone et en Allemagne. Il découvre alors le nouveau monde, celui de l’Amérique du Nord. L’occasion également de côtoyer les stars françaises du show-business. Nous sommes en 1993 lorsque Yann débarque au Maroc.
Quant à Ghali, il a passé un BTS en Gestion Commerciale à l’Ecole Française des Affaires avant de s’envoler pour Montpellier, la même année, en 1993. Il use les bancs de l’Institut Supérieur de l’Entreprise où il prépare une maîtrise. Là encore, l’essentiel pour l’époque est de poursuivre les études. Il s’intéresse un temps à la photo, avant de se tourner vers le monde du travail. Son premier emploi étudiant sera dans un hyper marché, du groupe Carrefour. Affecté au «service clients», c’est sur le tas qu’il doit apprendre. Ce qui lui fait dire: «A un client, qui m’avait posé une question, j’avais répondu que je ne savais pas. Mon superviseur qui avait noté la scène, me rappela à l’ordre, précisant que le client était ma première priorité et sa satisfaction primordiale ». L’expérience sera probante, puisque Ghali qui avait retenu la leçon, reviendra, des années plus tard au service client.

La réalité marocaine
Arrivé donc au Maroc en 1993, Yann est décidé à s’intégrer au pays, coûte que coûte. «Contrairement aux USA, j’ai décidé de prendre le Maroc avec tout ce qu’il a. J’ai toujours eu une certaine naïveté, et lorsque je vois la manière de vivre des gens, j’essaie d’en comprendre les ressorts et les motivations. Je m’interdis tout jugement approprié et adapte mon attitude selon le contexte et les valeurs de l’environnement. J’ai donc pris un appartement en colocation avec un ami et me suis rapidement lancé dans le concret», confie-t-il. Il est d’abord employé chez Xerox, une entreprise d’impression reconnue pour son expertise dans la vente. C’est d’ailleurs cette entité qui l’envoie au Maroc. Il s’intègre parfaitement au pays et aux gens. Au bout de quelques années, Yann se convertit: «je ne me suis pas converti pour me marier, c’était ma manière de rendre au pays de ce qu’il m’a donné», développe-t-il. Son épouse sera elle-même marocaine.
Sur le plan professionnel, Yann n’est pas du genre à se complaire dans la routine. En quelque sorte, l’envie de bouger, d’agir. Il décide donc de se lancer dans la formation de vendeur. Il connaît une école de vente, Training Management Conseil (TMC) dont il fonde la filiale Africaine en 2001.
Pendant ce temps, Ghali a participé au lancement de Canal Horizon au Maroc, moment où apparaît la télévision numérique dans le Royaume. Au bout de quelques temps, il intègre Méditel, avant de rejoindre Inwi. Déjà, il mûrissait son projet d’entreprendre à son compte, depuis son entrée chez le deuxième opérateur de télécommunications en 1999. Ce n’est que dix années plus tard, en 2010, qu’il se lance à son compte. Ce sera l’Approche Client. Lui et Yann se connaissent depuis des années, et se retrouvent sur un appel d’offres. L’un propose de la formation, l’autre des audits de service clients et des évaluations de services. Complémentaires, ils décident de devenir partenaires. Ghali est déjà marié depuis six années et son premier enfant a trois ans. Son entreprise sera en quelque sorte son deuxième bébé. «Ghali est venu vers moi un jour en m’expliquant son projet: un label de service clients. L’idée m’a immédiatement intéressé et on a tout de suite exploré les moyens de collaborer ensemble», avoue Yann.
Depuis, Yann et Ghali, se sont associés, dans un Observatoire du Service Client et continuent de travailler en tandem. En fait, une association n’est-elle pas comme un bon mariage: faite de compromis et d’accords.

Polyathlète, manager, ingénieur agronome

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Il a gardé un physique de jeune premier. Ce manager qui a fait toute sa carrière dans la même entreprise, a su faire de son métier une «success story» qui allie sport et travail. Par Noréddine El Abbassi

C’est un homme d’une autre époque, celui de la fidélité à une seule et même entreprise, dans un monde où le mercenaire est «l’idéal du cadre». Et pourtant, c’est en quelque sorte une «success story» d’un manager qui a réussi l’implantation d’une chaîne de magasins européens dans un marché pour le moins limité, celui du sport au Maroc. Et pourtant la greffe a pris, et Décathlon Maroc est une entreprise bien marocaine, mais née en France. C’est un peu grâce à lui. Lui, c’est Borja Sanchez, DG Maroc de la chaîne de grandes surfaces, dédiées au sport. Il est né en 1968, à San Sebastian. Comme le laisse deviner son nom, il est espagnol, basque pour être précis. Il est donc né près de la frontière avec la France, dans une région considérée comme plus aisée que le reste de l’Espagne, l’Andalousie par exemple. Troisième des trois enfants d’un fonctionnaire du ministère de l’Education, il explique qu’il est né dans une famille de la classe moyenne: «j’étais la surprise de mes parents. Mon frère aîné a 17 ans de plus que moi, et ma soeur 15 ans. Du coup, j’ai grandi comme un fils unique, puisque mon frère et ma soeur étaient partis, lorsque j’avais seulement 3 ans. Mais ma famille n’était pas du tout «notable», comme vous semblez le penser, c’était la famille moyenne classique espagnole. Le père fonctionnaire et la mère femme au foyer, c’était très normal pour l’époque», développe-t-il. A ce moment, ce sont encore les années où le dirigeant de l’Espagne de l’époque, Franco, est encore au pouvoir. Mais Borja n’en garde pas de souvenir: «J’étais jeune».

Des études «martiales»
Borja est alors scolarisé dans une école tenue par des prêtres catholiques jésuites, baptisée Ignacio de Layola, d’après le célèbre fondateur de la compagnie de jésus. Là, il est soumis à un régime d’enseignement strict, militaire. A tel point, qu’il estime que «nous travaillions plus à l’école que plus tard à l’Université. Il n’y avait pas de cours de religion dans le sens théologique, mais des cours de l’histoire de la religion. Nous allions à la messe le vendredi, écouter le prêche de nos enseignants». C’était à cela que se limitait l’enseignement d’une école religieuse, loin de TV muftis khalejis, stars de l’audimat et du lavage de cerveau par satellite. Une autre époque, mais qui n’est pas sans rappeler le Maroc par certains aspects: «il y avait moins de voitures qu’aujourd’hui. Donc nous jouions au foot dans la rue, entre copains, et suivions les matchs de l’équipe locale, la Real Sociedad. Autrement, j’étais fan du Barça. La ville était proche de la mer. Un bon «spot de surf», et c’étaient les débuts des sports de glisse, donc je faisais du body board», confie-t-il. Lorsqu’il atteint le Bac, il part pour Pampelune puis, trois années plus tard à Madrid, étudier à l’Université. Là il étudie l’ingénierie agronomique, passant son service militaire durant l’été. «Les études d’ingénieurs prenaient jusqu’à 8 années à cette époque. Moi j’ai fait ma scolarité en 6 années. Pendant le service militaire, mes officiers instructeurs étaient contents de moi. J’étais dans l’artillerie et j’ai programmé un logiciel de calcul de trajectoires de tirs. Après trois tirs, on touchait la cible. Il faut dire qu’à l’époque nous avions du retard», analyse-t-il sans se départir d’une pointe d’humour.

Une vie à Décathlon
Nous sommes en 1995, Borja a terminé ses études et doit intégrer la vie active. Déjà, sa famille s’était opposée à ce qu’il se rende en Algérie, pour un premier emploi, lié à son mémoire de fin d’études. En feuilletant les petites annonces d’un journal local, il tombe sur une offre d’emploi qui annonce: «si toi aussi tu aimes le sport et tu veux travailler dans une entreprise dynamique, rejoins-nous», relate-t-il. C’était Décathlon, la seule entreprise dans laquelle il travaillera. Borja commence comme chef de rayon, puis progresse rapidement: «ce qui m’a marqué, c’était la mobilité que j’ai connue au sein de l’entreprise. A chaque poste occupé, je ne voulais plus bouger. On me donnait alors plus de responsabilités. Je répondais que je n’étais pas prêt, et on me rétorquait immédiatement: justement, c’est pour cela que tu vas bouger». Progressivement, il évolue jusqu’à devenir Manager d’exploitation. Pendant un temps, on lui demandera de présenter l’entreprise aux étudiants, pour le compte des ressources humaines.
Quelques années plus tard, retour aux sources, et Borja est nommé directeur du magasin de Pampelune. En deux années, il en fait un des magasins les plus rentables de la chaîne en Espagne. Sa carrière est lancée, et il sera nommé Directeur commercial pays et Directeur du magasin de Madrid. Arrive l’année 2000, qui verra son mariage. Nous sommes en 2003 lorsque Borja est nommé Directeur régional pour l’Espagne et la Méditerranée. Il y reste 3 années durant. A cette période, au Maroc, c’est Koodza qui commercialise les produits de la marque. Le Royaume est déjà une plateforme de production textile et un gros donneur d’ordres pour les industriels. Borja, lui, continue sa progression. En 2006, il fait un «deuxième tour dans les RH, pour faire du management», puis nommé patron Zone pour l’Espagne, au bout d’une année et demie seulement. Il propose de démarrer les petites entités, pour superviser ensuite les enseignes du groupe en Espagne, au Portugal et au Maroc. Lorsqu’il perçoit que le marché marocain est mûr, il propose et ouvre le premier magasin Décathlon au Maroc. C’est l’année 2014. Depuis, il se concentre sur le Maroc. Belle trajectoire pour l’homme d’une seule entreprise.

BIO EXPRESS

1968: naissance à San Sebastian
1986: Bac au Lycée San Ignacio de Layola entrée à l’Université de Pampelune
1989: entrée à l’Université de Madrid
1995: entrée à Décathlon
2007: Patron Zone Espagne
2011: supervise l’ouverture de magasins Koodza en Espagne, au Maroc et au Portugal
2014: DG Décathlon Maroc et Afrique  du Nord

Ingénieur, manager à la «papa»

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Il aurait préféré rester un homme de l’ombre, mais l’actualité l’a propulsé sous les feux des projecteurs. Ce manager paternaliste qui considère son entreprise comme sa famille, a eu un parcours plus que classique. Après des études en France, il a intégré Aluminium du Maroc, entreprise qu’il n’a jamais quittée. Par Noréddine El Abbassi

Il est des hommes qui ne vivent que pour leur métier. Se rendre utile est leur passion, et rentabiliser chaque instant est une «mission» à laquelle ils s’adonnent. Jawad Sqalli est de ceux là. Plus homme de terrain que de contact, plus dans l’opérationnel que dans le discours, sa formation d’ingénieur se reflète dans sa manière d’être. Difficile d’accès, et proche de la production, on reconnaît là ceux qui sont passés par la formation militaire. Il l’a été en tant qu’instructeur en sciences.
Il est né en 1954, à Rabat. Son père fut l’un des signataires du manifeste de l’indépendance du 11 janvier 1944. Prise de position qu’il paiera par une longue mise à l’écart. Une fois l’indépendance du Maroc acquise, le père de Jawad se consacrera à sa fonction de magistrat: «mes parents étaient à l’image de beaucoup de marocains. Des gens simples, qui n’aspiraient qu’à fonder une famille et à la mener à bon port. Dans ce sens, il ont rempli un contrat moral. Leurs sept enfants, dont je suis le dernier né, ont tous réussi».
Bricoleur, il se passionne pour le fonctionnement des appareils ménagers et n’hésite pas à démonter certaines machines. Ce qui lui a valu quelques fessées. Prémonitoire cette appétence pour la technique, puisqu’au Bac, il choisira la filière mathématiques et technique, un Bac E, au Lycée Lyautey.
Mais sa grande passion, c’est le football. Il joue comme gardien de but, évidemment, et ses idoles sont le célèbre joueur soviétique Yachine, et le non moins célèbre Allal, le gardien de l’équipe nationale marocaine des années 70. Son autre passion, c’est le cinéma. C’est cet amour pour le 7e art qui l’amènera à animer un «ciné club», lorsqu’il poursuit ses études à Strasbourg.

Les études en France
Nous sommes en 1974 quand Jawad s’envole pour Paris, où il poursuit la préparation aux grandes écoles d’ingénieur. Maths sup est déjà une filière d’élite, qui prépare les esprits «ingénieux» aux métiers de la production. Comme le disent les Anglo-saxons, la France prépare son élite comme une armée Napoléonienne, sur le pied de guerre. Jawad décroche l’Ecole Nationale Supérieure des Arts et Industries de Strasbourg. Les études sont très prenantes, mais dès le diplôme en poche, Jawad quitte la France pour rentrer au Maroc en 1980. Le service civil est alors en vigueur, et il est affecté à la base militaire de Marrakech. Il sera chargé de donner aux futurs pilotes des cours en mathématiques, physique et mécanique. De cette expérience naitra son amour pour l’aviation. Dans la foulée, il décroche donc son brevet de pilote privé. Là encore, il reste dans l’axe de ses passions, puisqu’il aime voyager. Enfant déjà, ses parents l’emmenaient en voyage, et à ce jour il aura visité plus de 30 pays. Il compte, dit-il, en voir autant à l’avenir.
Arrive 1982, Jawad doit entrer dans la vie active. Il rencontre Pierre Candini, un cadre de Pechyney et premier Directeur Général d’Aluminum du Maroc, qui le recrute. Dès lors, il doit se décider à faire un choix: s’installer à Tanger ou rester dans l’Axe Rabat, ce que Lyautey désignait comme le Maroc utile: «après une journée d’entretien, j’ai été séduit par la ville et la carrière qu’on me proposait. J’ai commencé comme chef de fabrication et dès la deuxième année, je suis passé Directeur Technique de l’Usine». C’est déjà l’homme d’une seule entreprise, puisqu’il fait toute sa carrière dans la même «boîte».

L’homme d’une seule entreprise
A partir de ce moment, sa carrière sera une progression constante. A l’image de Tanger. La ville n’était alors qu’une grosse bourgade de 300 000 habitants où tout était à faire , et avec peu de moyens: «ce n’était pas loin du Far West, mais cela donnait du piquant à la vie», pointe-t-il, avec humour. Il sera bombardé Directeur Général en 1999: «je n’ai jamais eu besoin de chercher ailleurs. En 33 ans de métier, chaque jour a eu son lot de défis à relever et ma carrière était riche et passionnante», explique-t-il. Ce n’est que tout récemment qu’il se marie: «ma première femme s’appelait «alumine». Je lui ai consacré 25 ans de ma vie. Mes enfants… j’en ai actuellement 470», plaisante-t-il, comme pour rappeler que son entreprise est sa «famille» et que ses collaborateurs, sont ses «enfants».
Depuis trois années, Jawad a ajouté deux cordes à son arc. Le coaching d’abord. Il s’attache à influer sur l’environnement socio-économique du pays: «pour générer de la richesse pour son actionnariat, il faut d’abord donner une dimension sociétale à l’entreprise. C’est ce que je m’attache à faire depuis de longues années», avance-t-il, se promettant de continuer à l’avenir. Sa seconde corde, est celle d’administrateur d’entreprise indépendant, formé à l’IMA. C’est donc incontestablement l’homme d’une seule entreprise. Elle aura été sa femme, sa famille et sa vie. Elle continuera probablement à l’être, aussi longtemps que sa santé le lui permettra. Aussi longue que possible, espérons-le.

BIO EXPRESS

1954: naissance à Rabat
1974: Bac E au Lycée Lyautey (Casablanca)
1980: Diplôme d’ingénieur mécanique de l’Ecole Nationale Supérieure des Arts et Industries de Strasbourg
1982: entrée à Aluminium du Maroc
1999: DG Aluminium du Maroc
2016: PDG Aluminium du Maroc

Entrepreneur textilien, Leonin, yogi

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Son apparence révèle son origine et sa spiritualité. Cet Indien qui a bâti toute sa carrière au Maroc est la troisième génération d’indiens installés dans le Royaume. Aujourd’hui, il préside la nouvelle Chambre de commerce Maroco-Indienne.

Il est indien, et cela se voit. Les cheveux d’une blancheur de «sage», impeccablement rasé de près, et habillé d’un complet de couleur claire, Colin Nebhwani est un homme d’affaires et de contact. Cela non seulement saute aux yeux, mais «se sent» également. Autour de lui, des hommes d’affaires réunis pour une session de travail bourdonnent, mais se taisent, dès qu’il prend la parole et l’écoutent religieusement. C’est un «leader» visiblement, et en tout cas, incontestablement, à l’image qui se dégage de cette assemblée. C’est probablement plutôt pour des raisons «honorifiques», que cet indien a pris la présidence de la toute nouvelle Chambre de commerce maroco-indienne.
Dernier né des trois enfants d’un homme d’affaires installé au Maroc, Colin est né en 1952, à Bangalore. Mais sa famille est installée dans le Royaume depuis deux générations, ce qui en fait la troisième des indiens du Maroc. «Mon grand-père était le premier indien à venir au Maroc, à la suite de la partition de l’Inde et la naissance du nouvel Etat du Pakistan. Cela a conduit la majorité des hindous du Pakistan à quitter ce pays. Mon grand père a alors installé sa famille à Bangalore et est allé chercher fortune aux Etats-Unis d’abord, puis en Algérie ensuite, avant de s’installer enfin au Maroc,» explique-t-il.
Son histoire nous rappelle les récits de Ghandi et Nehru, la désobéissance civile et l’Empire Britannique, sur le déclin. C’est aussi l’histoire de l’émergence de la «plus grande démocratie du Monde» comme on aimait la qualifier, mais également, celle d’une famille qui vivra une période de troubles, d’une région, qui s’est déchirée en trois guerres Indo-Pakistanaises et deux conflits douloureux.

Le Maroc par tradition familiale
Colin, lui, voit le jour loin de tout cela. Il vit dans une grande maison où cinq grands mères régentent une famille de 60 personnes. «Mes plus beaux souvenirs sont ceux de mon enfance avec mes cousins. A nous seuls, membres d’une même famille, avions notre propre équipe de Cricket, le sport national. Nos pères, le mien et ses frères s’étaient expatriés au Maroc, en compagnie de notre grand-père pour faire des affaires. Nous autres, leurs enfants étions restés dans le pays et regroupés tous ensemble», explique-t-il. La vie est alors douce. Bangalore est la «ville aux jardins», et en pleine période de «seventies», les Européens sont nombreux à y venir et certains à y vivre.
«De nombreux retraités britanniques, entre autres avaient choisi d’y résider. D’autres étaient en pleine quête «spirituelle». Autant de raisons qui faisaient connaitre Bangalore au delà des frontières. Pour nous, rien de particulier, c’était normal», se remémore-t-il. La scolarité de Colin passe par l’école jésuite dont la réputation est établie un peu partout dans le Monde. En Inde également. On porte l’uniforme, on parle anglais, et on se soumet à un régime quasi-militaire, sous la férule des «bons pères». L’école n’est pas mixte, les garçons d’un côté et les filles de l’autre. Mais c’est à l’école qu’il croisera le regard de celle qui deviendra sa femme, quelques années plus tard.
Son enfance se résume à une vie studieuse. Tout naturellement, Colin fait des études commerciales, au St Joseph College, avant de rejoindre son père et ses oncles au Maroc. Nous sommes en 1971, et les affaires de la famille se sont développées. De l’importation de produits textiles, la famille a développé son commerce dans l’électronique. Elle est présente dans les grandes villes du Maroc, que sont Casablanca, Rabat et Tanger. Colin est lui, affecté à Casablanca, pour travailler dans les enceintes hi-fi. Il se forme au métier d’ingénieur du son, et dans ce cadre, est amené à équiper des boîtes de nuit et autres lieux de la place, avant de s’installer à Tanger.

Débuts dans les affaires
Nous sommes en 1975, lorsqu’il se marie et que sa femme le rejoint au Maroc. Pendant les années 60, la communauté indienne compte de 15 à 20 000 personnes. Ils sont commerçants, installés sur l’axe Tanger / Casablanca, et versés dans le commerce d’électronique, et celui des appareils photos. Mais le commerce périclite, et sous les coups de la contrebande et la contrefaçon, les commerçants voient leurs affaires devenir plus difficiles à faire, et à partir de là, la majorité des indiens quittent le Maroc pour l’Espagne, Gibraltar et les USA.
Sur le plan personnel, Colin, lui connaît un «éveil spirituel» en 1984. Il adopte alors la vie de «yogi» et prend un «guide». Commencent alors des voyages en Inde pour apprendre le yoga, développer sa souplesse, et renouer avec cette «sagesse millénaire». Les temps s’y prêtent encore. Et sous la direction du «Swami», il vit pleinement sa spiritualité: «je me rendais à Bihar, sur les hauts plateaux de l’Himalaya, lieux que les maîtres privilégient, pour son calme et son éloignement de la turpitude. Et une année plus tard, le «miracle» s’est produit, ma fille est née. Il m’a même donné son nom, «Pari» ce qui signifie «ange» ou «fée» en hindi. A ce moment, je savais que c’était une fille», confie-t-il.
La discussion prend alors des accents de «spiritualité» indienne. Tout à coup, il s’illumine en discutant de Bhagavad Ghita, de la vie et du «karma» des hommes. C’est peut-être cette fibre qui le pousse vers le «lionisme». Il rejoint le groupe Lion’s club en 2007 et prend différentes fonctions de «premier plan».
Depuis 1988, il est entrepreneur dans la confection: «l’idée est venue de ma femme, technicienne en textile. Elle travaillait déjà à la maison, mais lorsque nous avons eu des difficultés dans les affaires, nous avons commencé une entreprise avec 30 salariés», expose-t-il. Le «karma», le bien qu’il a fait, joue en sa faveur. On lui prête des machines. Ses amis, dont le vice-président de la Chambre de commerce et seul marocain au comité de cette Chambre, Jilali Seghrouchni, le soutiennent. Il se lance dans l’industrie avec des comptes étrangers et noue des contrats avec des Britanniques, des Finlandais et des Néerlandais. Un métier qu’il apprend et dans lequel il progresse. Donner et recevoir, c’est aussi cela la «leçon de la vie». Depuis 2016, les hommes d’affaires installés au Maroc ont lancé la Chambre de commerce Maroco-Indienne. «L’Inde est un pays d’avenir. Il faut rendre à ce pays qui nous a tout donné. Moi, c’est une leçon du yoga, connecter mon esprit qui est au Maroc, avec mon coeur qui est en Inde», conclut-il.

BIO EXPRESS

1952: naissance à Bangalore
1971: diplôme de commerce du St Jospeh College
arrivée au Maroc
1988: fondation de son usine de textile à Tanger
2007: rejoint le Lion’s club Doyen de Tanger
2016: Président de la Chambre de commerce Maroco-indienne

Marin, sportif automobile, manager d’hôtel

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Il est le plus jeune manager d’hôtel de son entreprise. Après sa passion pour l’océan, celui qui se destinait à devenir l’héritier du Commandant Cousteau, a choisi les métiers de services. Un entrepreneur dans l’âme qui a su reconnaitre que «le serviteur des hommes est leur seigneur».

Il s’appelle Noury. Un nom peu commun pour un français du Maroc, et dont le père est d’origine tunisienne et la mère belge. Un «pied noir» comme on en voit peu, symbole d’une mixité d’un Maroc où il faisait «bon vivre». Son père travaillait pour le grand Groupe de BTP, Vinci Construction, et sa mère était chargée de Mission à l’Ambassade de France. Riche vie que celle d’un «enfant du pays», qui évolue entre deux cultures.
Noury est né en 1977, à Salé. Il est l’aîné des deux fils du couple et voit le jour à la clinique Beauséjour: «Une institution. Nombre d’enfants de ma génération y sont nés», explique-t-il dans un rire franc, alors que son visage s’illumine. Il grandit dans la capitale du Royaume et plus précisément dans le quartier de l’Agdal, certes moins huppé que Souissi, mais néanmoins aussi prestigieux. Il est scolarisé à la Mission française et fréquente l’école primaire Paul Cézanne avant de rejoindre le Lycée Descartes. Ce qui fait qu’il aura côtoyé durant toute sa scolarité autant les fils de «bonne famille» que ceux de la colonie française et étrangère en résidence à Rabat. Cette fréquentation du «Gotha Rbati» ne l’empêche pas d’acquérir une grande connaissance du Maroc.
Mais son enfance reste assez classique pour un enfant de Rabat. Ce sera le sport de mer et la pêche en bateau pendant l’été, quand la famille passe ses vacances à Skhirat. Il en gardera une passion pour les océans, et une prédisposition pour tout ce qui s’y rapporte. D’ailleurs dès son jeune âge, il ne cessera de réclamer à ses parents de pouvoir disposer d’un bateau. Ce à quoi lui répondaient ces derniers le même leitmotive: «lorsque tu auras décroché ta Première Scientifique». Prémonitoire cette passion pour la mer, puisqu’elle l’accompagne : «il m’est très difficile de vivre loin de la mer, de l’océan. J’ai essayé de m’en passer, mais il me manque toujours quelque chose, lorsque je suis loin des vagues», confie-t-il.
Autre passion, celle du Golf. Elle prendra naissance, lorsque en 1986, Noury accompagnait pour la première fois, son oncle sur un parcours : «Mon oncle avait décidé de se mettre au Golf, dans le tard, à 50 ans. A son invitation de l’accompagner, j’ai demandé à tester le jeu. J’ai immédiatement accroché et apprécié ce sport. Après ce fut le tour de mon frère, puis toute la famille s’y est mise», révèle-t-il. Dès lors, Noury ne vit que pour sa passion. Il participe à des tournois, et joue avec un handicap de 5, une performance pour un si jeune enfant.

La science puis le service

En 1996, Noury décroche son bac S et s’envole pour Paris pour les études supérieures. Encore une fois, sa passion pour la mer décide de son avenir : «je me destinais à devenir océanographe. J’ai donc fait un DEUG de Biochimie à l’Université Paris VI. Mais ce parcours nécessitait 12 années d’études, je me suis donc réorienté en hôtellerie», analyse-t-il. Il reste dans la capitale française, et opte pour l’école hôtelière de Paris, Jean Drouant. «C’était complètement différent. A l’Université, il fallait être constamment attentif, être assis au premier rang pour pouvoir suivre et travailler beaucoup. En hôtellerie, les gens viennent par passion. Ce sont souvent des histoires de familles. Des fils ou des filles de restaurateurs ou d’hôteliers qui vont reprendre l’affaire de leurs parents. De plus j’étais plus âgé, donc je savais mieux gérer», se remémore-t-il.
Première expérience avec le monde du travail. Noury décroche un premier stage aux Etats-Unis, où il découvre l’ «American way of life». «J’ai adoré le mode de vie dans ce pays. Du coup, j’y suis retourné dès que j’ai pu». Et la greffe prend. Après six années passées à Paris, le diplôme en poche, Noury poursuit sa carrière aux Etats-Unis, à Atlanta au sein du groupe Hyatt. La demande est alors forte, et il suit une formation interne en management. Dès le départ, Noury est nommé Directeur de la Restauration.Tout va pour le mieux, mais l’appel du Maroc est toujours présent. Il rentre alors avec armes et bagages. Ce sera à Agadir qu’il travaille, au sein du Dorint Palais des Roses de la capitale du Souss. Il y reste jusqu’en 2004, avant de devenir Directeur Général de l’hôtel des Arts, dans la région de Casablanca, qui passe sous la coupe du groupe Golden Tulip. Nous sommes en 2007, et Noury est déjà entrepreneur depuis deux années, et à la demande de son associé, prend des fonctions opérationnelles dans l’entreprise qu’il a co-fondée. «Je devais me charger du commercial. Mais c’est sur le terrain que je me suis rendu compte que je ne suis pas un «homme de chantiers». J’ai découvert un univers que je ne soupçonnais pas, et qui ne me convenait pas», explique-t-il.

Entrée à Accor

Au détour d’une rencontre, M. Oumoudden, alors en poste comme Directeur du groupe Accor au Maroc, lui propose de le rejoindre. Nous sommes en 2008, et pendant une année, Noury a usé ses semelles sur les chantiers. Il reprend alors du service, et rejoint l’équipe du Novotel de Casablanca, à la position de Directeur Général Adjoint. Noury a alors du mal à ronger son frein. Il veut revenir dans la course, et on lui promet un hôtel dans les 18 mois qui suivront. Au bout de deux années, Accor lui propose une formation complémentaire et il retourne étudier à l’International Hotel Management Program. Une formation spécifique pour le groupe Accor à l’Ecole Supérieure de Commerce Parisienne, l’ESSEC. Le diplôme en poche, Noury aspire à de nouveaux challenges. Ses voeux seront exaucés. On lui propose alors une mission: prendre la Direction de «Revenus» du groupe. C’est le baptême de feu. Noury relève le challenge et lorsqu’il termine sa mission, en 2013, il est nommé Directeur Général du Mc Gallery by Sofitel, Le Diwan à Rabat. Il y reste deux années, avant qu’Accor ne lui propose un nouveau challenge, piloter le lancement du Sofitel Tamuda Bay Beach and Spa. C’est l’année 2015, et Noury est nommé Directeur Général de l’hôtel «Arty-Chic» de la chaîne, sur la côte méditerranéenne, entre Mdiq et Fnideq. Il gère donc cet hôtel, qui cet été déjà, a suscité des commentaires élogieux: «c’est le dernier cri chez Sofitel. Traditionnellement, le nom de l’entreprise rime avec «élégance à la Française». Là, il s’agit du «New Art de Vivre» à la française, avec des ambiances et des décors «originaux» qui changent du classicisme, dans un cadre de vie très contemporain à la Moroccan Riviera» expose-t-il. Depuis, il continue sur sa lancée, vivant sa vie comme il l’a toujours voulu. Face à la mer, observant la ligne d’horizon à volonté, au milieu des bruits des vagues, de la fraîcheur d’un coucher de soleil rougeoyant au loin, au milieu de l’air iodé.

BIO EXPRESS

1977: naissance à Salé
1996: Bac S au lycée Descartes
2004: Dorint Agadir après une carrière aux USA puis DG de l’hôtel des arts
2007: directeur commercial/ fondateur  d’une entreprise de revêtements
2008: entrée dans le groupe Accor comme  DGA du Novotel de Casablanca
2013: Directeur Général du Mc Gallery  by Sofitel, Le Diwan à Rabat
2015: Directeur Général du Sofitel Tamuda Bay Beach and Spa

Manager, sportif de mer, pêcheur

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Il n’a pas trente ans, mais est déjà cofondateur d’un distributeur d’accessoires pour téléphones mobiles copié par les plus grands. Après ses études en finances, ce jeune marocain est entré dans le monde des affaires, et lance une marque européenne de téléphone mobile, Innjoo.

C’est un parcours classique d’entrepreneur à la marocaine. Amine Benlamlih est de ceux qui ont suivi les chemins «sûrs», sans embûches, qui mènent à la réussite. Son enfance au «grand air», dans la province et pourtant déjà une grande ville, à El Jadida pour être précis. Il en a gardé un physique d’athlète et une chevelure mi-longue de «fils de bonne famille». C’est une enfance insouciante, loin des tracas de Casablanca, en bord de mer, bercé par le flot des vagues. Le climat est agréable, en hiver comme en été, et la cité balnéaire où les Marrakchis viennent l’été, se déverser, fuyant la chaleur torride estivale de la ville ocre. Amine, lui, grandit en fils de la mer, proche de la nature, entre journées de pêche et sports de glisse.
Il est né en 1987, à El Jadida justement. La naissance du dernier né des 5 enfants d’un couple de fonctionnaires est une surprise pour ses parents. «J’ai 20 ans d’écart avec ma plus «grande» soeur et 10 avec la plus jeune,» explique-t-il. Mais cette enfance en bord de mer trouvera sa fin en 1996: «mon père a été muté à Casablanca. C’est là où j’ai réellement grandi. J’y avais mes cousins et le reste de ma famille», développe-t-il. Amine grandit donc au milieu de ces derniers, sa fratrie ayant déjà quitté la maison pour étudier.
Prémonitoire ce lien familial, puisque quelques années plus tard, c’est avec un cousin justement qu’il fonde son entreprise. Retour en arrière, Amine grandit à Casablanca, scolarisé au Lycée Lyautey, il passe de classe en classe avec quelques accrocs. L’été, Amine passe ses vacances avec sa famille en Espagne.

Monter en France pour les études
Au lycée, il fera cependant quelques voyages de pêche au Loup Bar. En canot, il passe des heures avec une ligne à la traîne de son bateau pour capturer des poissons. Dans l’air marin, le jeune homme, avec un physique de «jeune premier» en jean et baskets, a le visage qui s’ «illumine» lorsqu’il parle de sa passion. Le surf est une autre passion. Comme beaucoup, il s’est déjà initié au Bodyboard, et les sports de glisse sont à la mode depuis quelques années.
Arrive 2007, Amine a déjà occupé des fonctions de responsabilité pour un jeune lycéen, à savoir «super délégué» de l’établissement. Le bac en poche, il s’envole pour Lille, en plein Nord de la France, près de la Belgique. Amine entame des études d’ingénieur en télécommunications, avant de s’orienter vers des études de commerce, plus proches de ses ambitions. Il reste proche de la nature et s’initie à la chasse entre la Belgique, et les forêts lilloises. Dans son récit, il multiplie les pointes d’humour de jeune homme «bien dans sa peau», et rigolard.
Les années passent, et il développe le champ de ses compétences. Amine a 25 ans lorsqu’il entre dans la vie active. Un premier stage l’initie à la gestion de patrimoine, avant d’entrer dans le monde des télécommunications. Il travaille alors pour SFR, et descend à Paris, où en parallèle, il prépare un Master en ingéniérie Financière. Commence alors un nouveau chapitre de sa vie. A la fin de son cycle d’études, Amine a une proposition en or, celle de se lancer dans les affaires, avec un cousin. Ce sera le début de International Communication Development (ICD).

Début dans les affaires
De retour au Maroc, le business démarre fort. Ils commercialisent des accessoires pour téléphones mobiles. D’abord des sous marques de Louis Vuitton, puis leur portefeuille se développe à une dizaine de marques. La vie s’annonce facile et ils développent leur achalandage dans les stations services. Il faut croire que la recette prend, puisqu’ils seront suivis par d’autres géants de l’électronique grand public. L’entreprise prend en taille et se développe. Après les accessoires, Amine a une nouvelle idée: surfer sur l’expansion de la marque américaine Apple au Maroc. L’entreprise prend alors un nouveau tournant et devient revendeur de matériel de la marque à la Pomme.
Au sein de l’entreprise, Amine occupe des fonctions de directeur général adjoint, en charge du commercial, la cheville ouvrière de la vente.
Sur le plan personnel, Amine reste fidèle à ses passions de sports de glisse, de pêche et de nature et parcourt le Maroc de long en large. Les spots de surfs sont ses lieux de villégiature, loin de la pollution, et où l’on se sent mieux respirer.
Depuis, Amine continue l’expansion de ses affaires. Cette fois-ci, avec une nouvelle marque de téléphonie mobile au Maroc, Innjoo. Là encore, Amine capitalise sur son expérience, cette fois pour devenir distributeur exclusif d’une marque au Maroc. Cette fois, il doit piloter le déploiement de la marque sur le territoire marocain. Un Challenge, puisque le marché est déjà très compétitif entre les marques américaines, coréennes et chinoises qui mènent une bataille des prix tambour battant. La marque européenne de milieu de gamme propose des appareils performants, sur Androïde, avec un «bon rapport qualité/prix». Et tout cela pour le meilleur.

BIO EXPRESS

1987: naissance à El Jadida
2006: Bac S au Lycée Lyautey
2011: Bachelor de ISEG Lille
2012: Master ISEG et St Jones College  (New-York)
2013: MBA ISEG Paris co-fonde International  Communication Development
2016: lance Innjoo au Maroc

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